La Magna Carta de 1215 : à la source des droits civiques

Ce document appelé Magna Carta a eu des retentissements à travers les siècles jusqu’aux Lumières et aux révolutions démocratiques. Au moment de sa signature au 13ème siècle, le but principal était d’empêcher le roi Jean Sans Terre de dévaliser les nobles en leur exigeant des contributions financières à répétition pour ses guerres infructueuses en France et en Angleterre.

Les Barons étaient excédés par les demandes militaires et financières ; dans un esprit de retour à l’ordre ancien, ils exigent la libération des prisonniers politiques, le respect des droits propres à la noblesse, le contrôle de la politique fiscale par le grand conseil ancêtre du parlement britannique.

Suite à une guerre civile commencée le 17 mai 1215 avec la prise de la ville de Londres, le 15 juin de la même année, le Roi vaincu, reconnaît sa défaite et signe un accord reconnaissant les droits de la noblesse.

Sauf que 2 mois plus tard, il déchire le document considéré comme nul et non avenu, considérant qu’il avait signé sous l’empire de la violence.

Le 16 juin 1216, le Roi Jean Sans Terre meurt de la dysenterie ; son fils Henri III devenu Roi va signer un accord avec les Barons en 1225 en baissant considérablement le taux de l’imposition sur la fortune des Barons. Il régna pendant 56 ans.

Dessin médiaval des chevaliers brandissant leurs épées devant un château fort pendant les guerres du Roi Jean Sans Terre

Considéré comme un acte fondateur de la démocratie anglaise, seuls quelques articles du texte d’origine ont subsisté jusqu’à nos jours. Il s’agit d’une part de l’habeas corpus qui protège les citoyens de l’arrestation sans cause et leur garantit le droit à un procès équitable, d’autre part de la clause 61 qui dit que “le roi règne mais ne gouverne pas” et cela est toujours valable de nos jours en Angleterre. Son importance tient avant tout dans le principe d’avoir posé une limite aux pouvoirs illimités des rois et exigé le consentement des contribuables à l’imposition fiscale. En cela, on peut le considérer comme un premier jalon sur le long chemin vers les droits des citoyens dans les démocraties.

Au 17e siècle, la Magna Carta traverse l’Atlantique

L’intérêt renouvelé pour la Magna Carta au 17ème siècle s’est concrétisé dans la promulgation du Bill of Rights de 1689 qui accorda de nouveaux droits au Parlement et aux citoyens.

Les écrits du philosophe anglais John Locke sur la liberté individuelle et la légitimité des gouvernements ont eu une influence importante sur les idées des Lumières et ont contribué, à travers Rousseau et Montesquieu, à inspirer la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789.

Ayant traversé l’Atlantique au 17e siècle avec les colons pionniers, les idées du philosophe anglais John Locke inspirent, un siècle plus tard, la Virginia Declaration of Rights de 1776 qui, peu après, jeta les bases de la première Constitution des Etats-Unis.

Les nouveaux Etats de la colonie en Amérique n’avaient pas de représentation au Parlement britannique mais on leur imposait des taxes de plus en plus élevés. Le « Boston Tea Party » marqua l’heure de la révolte : en 1773 des manifestant jetèrent des caisses de thé dans le port pour proclamer leur refus de « la taxation sans représentation ». Lorsque les 13 Etats de la colonie anglaise ont déclaré leur indépendance en 1776, ils s’en sont inspirés en rédigeant le Bill of Rights qui fut à l’origine de la Constitution américaine de 1787. C’est aux Etats-Unis que la Magna Carta est devenue une référence courante pour la liberté des citoyens contre la domination des souverains.

La copie de la statue de la liberté du Pont de Grenelle à Paris (vue de dos)

Les combats indépendantistes aux Amériques et en Afrique

Ces principes fondateurs des libertés civiles proclamés d’abord au 13e, puis aux 17e et 18e siècles furent répercutés dans les premiers mouvements de libération bolivaristes du 19e siècle en Amérique Latine puis à travers tout le continent africain au 20e siècle.

Les écrits du philosophe anglais John Locke sur la liberté individuelle et la légitimité des gouvernements ont eu une influence importante sur les idées politiques des Lumières, à travers Rousseau et Montesquieu, à inspirer la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789.

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Si le texte de 1215 est largement tombé dans les oublis de l’histoire,
son influence a traversé les siècles en posant un premier jalon pour
la défense des droits des citoyens