Irlande du Nord : une fracture tenace

 

 

Aux origines d'un conflit ethno-politique

De nombreux pays en Europe ont connu des guerres de religion au 16ème et 17me siècles qui sont oubliées depuis bien longtemps. En Irlande, les suites ont pris un autre tournant. Cela s’explique d’abord par le fait que l’Irlande fût administrée comme une colonie jusqu’en début du 19ème siècle. Le nord-est du province d’Ulster, déjà proche de l’Ecosse depuis l’antiquité, connaît une transformation profonde de sa composition ethnique et ses références culturelles, qui aboutit à la création en 1921 d’un état semi-autonome afin de garantir son rattachement au Royaume-Uni au moment de l’indépendance irlandaise. Une cinquantaine d’années plus tard, les tensions explosent violemment.  Après des années de négociations secrètes, on parvient à un accord de paix en 1998 qui crée un espoir de normalisation entre les deux communautés. 

Un panneau routier à la frontière de l'Irlande du Nord où le mot "Northern" (du nord) est effacé
Message politique au coin d'une rue : les Loyalistes toujours assiégés, on ne cédera jamais

Conférence organisée par France Plurielle le 21 mai 2022

La première partie de l’exposé tente d’identifier en quoi l’Irlande du Nord est devenue si différente du reste de l’Irlande et de l’Europe., en examinant les moments clé de son histoire qui a forgé et renouvelé les tropismes communautaristes  :

  • Les rébellions du 17e siècle dans le cadre d’un projet d’ingénierie sociale de grande envergure, les plantations de colons, amplifiées par une idéologie intégriste et les conflits géopolitiques de l’époque, 
  • Les rébellions du 17e siècle dans le cadre d’un projet d’ingénierie sociale de grande envergure, les plantations de colons, amplifiées par une idéologie intégriste et les conflits géopolitiques de l’époque, 
  • Naissance du nationalisme moderne chez l’élite protestante au 18e siècle,inspiré par La La sécession américaine, et de son idéal républicain inspiré par la France,
  • Les grandes batailles parlementaires du 19e siècle, montée en puissance des partis nationaliste et unioniste, aboutissant à l’indépendance de l’Irlande en 1922 au prix de la division de l’île 
  • Le monopole organisé du pouvoir unioniste  en Irlande du Nord et les réactions violentes au mouvement des droits civiques de 1968 qui plonge la région dans trois décennies de crise
  • Parfois oubliés par les livres d’histoire, une succession d’organisations clandestines agitent pour des causes locales à travers ces périodes, contribuant à l’idée romantique de la légitimité de l’auto-défense.

La deuxième partie de la présentation considère les évolutions depuis l’accord de paix de 1998 et les perspectives de l’avenir. On aborde notamment les éléments qui risquent de provoquer une nouvelle déstabilisation : le Brexit, le changement de l’équilibre démographique, l’influence du paysage politique de la République d’Irlande et la tentation du rêve de réunification qui pourrait remettre le feu aux poudres.

On verra les points faibles du système de gouvernement sous l’accord du Vendredi-Saint et pourquoi les moyens mis en œuvre pour favoriser la réconciliation et le rapprochement des communautés ont connu un succès mitigé. 

On constate néanmoins des signes encourageants : la majorité des gens n’attachent plus de grande importance à la différence de religion. Le plus grand espoir vient de l’envie de la population de devenir “un pays normal”.