Le monde des jeunes filles et des femmes au pays des Soussous
Conférence du 22 septembre 2022 : un aperçu de la vie en Guinée
Dans son exposé sur la situation de jeune fille d’une part, et de la vie des femmes mariées d’autre part, Mariame Soumah née Camara a insisté sur la tradition millénaire qui reste le fondement de la société au pays des Soussous malgré l’évolution universelle sociétale dans le monde.
Les us et coutumes évoluent très lentement notamment en fonction du lieu où l’on se trouve, par exemple dans les villages les jeunes filles ont plus du mal à vivre comme les filles du même âge dans les grandes villes, voire dans la capitale Conakry.
Enfance et adolescence
On conseille aux jeunes filles de ne pas s’approcher des garçons, d’éviter d’échanger certaines expressions avec eux, comme par exemple « je t’aime, je veux que tu deviennes ma femme, et nous serons heureux et on aura beaucoup d’enfants ». Jusqu’à l’âge de 14 ans la fille n’a pas le droit de sortir toute seule, sinon avec ses parents ou ses copines de quartier ou d’école, car aujourd’hui disent les parents, les hommes sont devenus plus dangereux qu’avant et ne reculent devant rien, il arrive que certain se jettent sur les filles et les violent, et ensuite certains demandent à épouser la jeune fille violée.
Les fiançailles et le mariage
Auparavant, les jeunes filles devaient se fiancer entre 10 et 11 ans et se mariaient à partir de l’âge de 12 voire de 13 ans.
Cependant ce mariage précoce n’existe plus que dans les villages, car dans les villes non seulement c’est défendu, comme dans les villages aussi, mais les associations contre le mariage précoce ou le mariage forcé veillent et demandent aux filles de signaler tout manquement à cette interdiction à la police et aux associations féminines, ce qui n’est pas le cas dans les villages.
La difficulté parfois est que si la fille refuse de se marier avec l’homme que le père a choisi, sa maman risque d’être renvoyée du foyer marital, comme cela a failli être le cas de Mariame dont la maman l’avait priée de ne pas refuser au risque de se faire répudier par son mari.
La raison est simple, si la fille refuse, le père est considéré par ses pairs comme moins que rien et qui n’a aucune autorité sur sa famille et cela devient un déshonneur pour lui.
La tradition au pays des Soussous, à contrario de certaines ethnies, permet que les femmes puissent divorcer facilement à leur demande ou à la demande de leurs époux d’une part, et peuvent également vivre seules même sans enfants, d’autre part.
Lors d’une consulation organisée par l’UNICEF avec des villageois à la suite de l’ouverture d’un nouveau centre de santé, les femmes ont exprimé deux souhaits pour l’amélioration des services publics : un meilleur accès à l’éducation et la fin des demandes de paiement illicites.
(Source : Julien Harneis, intervenant ONG et photographe dans les zones frontalières de la Guinée)
La polygamie
Sur la polygamie, la nature de l’homme étant ce qu’elle est et cela depuis des temps immémoriaux, l’homme par nature cherche toujours à avoir plusieurs femmes, pour des raisons économiques autrefois pour travailler dans les champs avec ses enfants, mais aussi pour étaler sa richesse aux yeux des autres hommes qui ne peuvent d’une manière générale se permettre d’épouser plus de deux femmes, ce qui est d’ailleurs de trop… C’est pourquoi, pour contourner le mariage de plusieurs femmes interdit par leur religion, les Rois avaient plusieurs femmes à chaque coin de rue.
Mais ils arrive que certaines femmes, en raison de leur âge, peuvent demander aussi à leur mari d’épouser une autre plus jeune afin de les aider dans des travaux domestiques comme faire de la cuisine, laver le linge, aller faire des courses au marché, et pourquoi pas, dans les villages, venir aussi cultiver etc., etc….
Sur l’enregistrement à l’état civil suite au mariage traditionnel qui est reconnu par l’Etat comme mariage légal, il suffit à la femme de citer deux personnes irréprochables voire des notables, mais aussi l’homme de son côté pour que le mariage soit enregistré.
La déscolarisation des enfants
Bien que l’éducation élémentaire soit obligatoire, beaucoup d’enfants ne fréquentent pas l’école, surtout à la campagne, car ils doivent aider leur famille pour les tâches domestiques ou agricoles. A propos du cursus scolaire, sur l’abandon des cours pour aller aider les parents, cela a été également le cas en France où les paysans disaient que l’école ne servait à rien et amenaient leurs enfants mâles travailler avec eux dans les champs.
Le gouvernement de l’époque était obligé d’envoyer les gendarmes chercher les garçons afin de les ramener dans les classes, ce que ce même gouvernement ne faisait pas dans ses colonies.
Sur les us et coutumes et la loi, également en France, en Alsace et Lorraine jusqu’à nos jours, il y a certaines coutumes qui existent encore héritées de l’Allemagne : par exemple, les curés sont payés par l’Etat, mais en cas de conflit entre la loi et la coutume, c’est la loi, expression de la volonté générale du peuple Français qui est appliquée.
Dans le cadre de l’échange du débat dans la salle, certains membres furent interloqués, c’est-à-dire, ont été forts surpris, voire stupéfaits par ce qu’ils venaient d’entendre, tout en espérant comme dans beaucoup d’autres pays de nos jours, que l’évolution sociétale ne va s’arrêter devant les portes de ces femmes surtout dans les villages.