Le sommeil

Les aiguilles d'un réveil montrent 7 heures, on voit le drap et une esquisse d'une personne encore endormie

L’association France Plurielle a organisé le 18 février dernier une présentation par Dr Annette Claveau sur le sommeil et son rôle vital. Le sommeil est nécessaire non seulement pour se reposer et rester en forme, mais pour préserver sa santé. Une personne qui reste des semaines sans dormir peut en mourir.  

Dr Claveau a présenté les découvertes récentes sur le processus vital de nettoyagge du cerveau qui protège notre santé.  Le fait de dormir environ un tiers de notre vie était encore un mystère pour la science jusqu’à récemment et des mystères demeurent encore. 

La conférence a donné lieu à des échanges animés, questions et partage d’expérience entre les participants sur les habitudes et les rythmes de sommeil. 

A Houston, Texas depuis 2021, des recherches universitaires et médicales sont financées par le Centre de recherche et développement médical de l’armée américaine (MRDC) pour mieux comprendre les troubles du sommeil chez les militaires. Afin d’étudier le rôle du fluide cérébro-spinal et du système glymphatique, ils mettent au point un “sleeping cap”, c’est à dire une casquette munie de différents capteurs, qui servira d’outil d’imagerie et de mesure plus léger et mobile que les scanners IRM. 

Les militaires espèrent en effet trouver un moyen de se débarrasser de ces déchets cérébraux sans avoir besoin de dormir 8 heures d’un sommeil de qualité… 

Partie d'une sculpture antique représentant la tête ailée d'Hypnos, regardant vers le bas, les paupières mi-clos - la statue est abimé et il manque l'aile gauche qui fut cassée
Hypnos, le dieu du sommeil dans la mythologie grecque (British Museum)

A quoi ressemblera la “casquette du sommeil “ ?  Pour voir une image : 

https://interestingengineering.com/science/us-army-funds-sleeping-cap-to-help-your-brain-clear-out-waste

Comprendre le sommeil

Le sommeil : une fonction encore mystérieuse mais déterminante pour la santé

  • Nous dormons près d’un tiers de notre vie
  • Le sommeil est crucial pour de nombreuses fonctions biologiques
    • Mémoire et apprentissage
    • Métabolisme
    • immunité
  • Or la fréquence des troubles du sommeil a augmenté ces dernières années
  • Or le sommeil influence la santé et les risques d’accidents
  • Il est donc essentiel de comprendre ce qui détermine la qualité et la durée du sommeil.

Des recherches publiées en 2013 ont révélé l’activité du système glymphatique et le flux cérébral qui aide à protéger le cerveau pendant le sommeil.

Les chercheurs ont constaté un lien très fort entre un sommeil anormal et des maladies telles que les problèmes cardiaques, l’obésité ou les maladies neurodégénératives comme l’Alzheimer.  Ils en ont conclu qu’il se passe quelque chose d’essentiel pendant le sommeil. 

Grâce aux études de Nedergaard et ses collègues (USA), il y a suffisamment d’études qui montrent que durant le sommeil, le système glymphatique aide à nettoyer le cerveau de ses déchets métaboliques grâce à un réseau de canaux entourant les artères et au fluide cérébro-spinal. Le cerveau pompe le fluide cérébro-spinal à travers les tissus et le renvoie purifié !

De façon intrigante, le système glymphatique fonctionne surtout pendant le sommeil. Il ne fonctionne plus pendant l’insomnie, l’état de veille et la vigilance.

Le besoin biologique de dormir pour toutes les espèces reflète probablement que le cerveau doit commencer un état d’activité qui permet l’élimination de produits potentiellement toxiques, incluant les protéines béta-amyloïdes (impliquées dans la maladie d’Alzheimer).  Cet état d’activité est impossible tant que l’on reste éveillé. 

Dans la mesure où le concept du système glymphatique est relativement nouveau, nous allons revoir les éléments basiques structurels, son organisation, régulation et ses fonctions. Nous allons également discuter d’études récentes indiquant que la fonction du système glymphatique est supprimée dans de nombreuses pathologies et que la fonction glymphatique de ce fait pourrait contribuer aux pathologies neurodégénératives, traumatismes cérébraux et AVC (accidents vasculaires cérébraux). 

Le déroulement du sommeil

  • 3 à 6 cycles successifs de 60 à 120 minutes chacun
  • Chaque cycle est constitué d’une alternance de sommeil lent et de sommeil paradoxal
  • Le sommeil lent – au début de la nuit, caractérisé par : 
    • Consommation en oxygène réduite 
    • Tonus musculaire relâché
  • Le sommeil paradoxal – en fin de nuit, caractérisé par : 
    • Activité cérébrale proche de l’éveil
    • Mouvements oculaires rapides
    • Tonus musculaire totalement aboli
    • Période propice aux rêves dont on peut garder le souvenir
Une femme endormie dans le pénombre, le visage enfoui dans l'oreiller et la couette
  • Le sommeil varie au cours de la vie : 
    • Le sommeil lent est plus profond pendant les années de croissance, jusqu’à 20 ans. 
    • En vieillissant, le sommeil lent devient plus léger, ce qui peux expliquer les troubles du sommeil liés à l’âge. 
    • Les phases de sommeil paradoxal se raccourcissent à partir de l’âge adulte.

Qu’il s’agisse d’un stress psychologique, d’un traumatisme, d’apnée du sommeil, de maladies cardiovasculaires ou d’un procédé naturel lié à l’âge qui tend à nous faire devenir des dormeurs plus légers, le résultat final est le même : les métabolites s’accumulent et provoquent des problèmes pour le corps et le cerveau (Dr Britz).

Il en résulte une variété de dysfonctions qui peuvent affecter les personnes à court et long terme .

L’endormissement

Il peut être influencé par de nombreux facteurs : 

  • Hygiène de vie
  • Consommation (alcool, substances excitantes…)
  • Environnement immédiat (lumière, bruit …)

L’endormissement = une convergence de plusieurs facteurs :

  • Processus homéostatiques
  • Rôle central de l’adénosine qui inhibe progressivement la fonction cérébrale jusqu’au déclenchement du sommeil
  • Processus circadien :
    • Le rythme circadien est propre à chacun
    • Le temps d’endormissement [en l’absence d’insomnie] varie d’une dizaine de minutes d’un individu à l’autre 
  • Lorsque la mélatonine est libérée en début de nuit, elle favorise le déclenchement du sommeil. 
  • A l’inverse, lorsque les cellules rétiniennes perçoivent la lumière, sa synthèse est inhibée !
  • En vieillissant, la mélatonine est de moins en moins efficace, d’où les nombreux troubles du sommeil liés à l’âge. 
Un jeune homme qui vient de se réveiller le matin, il a le main au front et le regard indisposé comme s'il a passé une mauvaise nuit

Les gènes horloges

Une quinzaine de “gènes horloges” sont modulés par l’information reçue par les cellules rétiniennes, la mélatonine et d’autres facteurs synchroniseurs (activité physique, prise d’aliments…)

Le cerveau est très sollicité par les activités, les interactions et les émotions que nous rencontrons chaque jour.
Dr Claveau nous invite à imaginer la situation après une grande fête dans une maison avec beaucoup d’invités. 

Quand tout le monde est parti, avant de pouvoir reprendre le cours normal des choses, il faut tout nettoyer et ranger !  

Notre cerveau fait son ménage en dormant !

Une personne pieds nus (on ne voit qu'un pied) pousse un aspirateur balai pour nettoyer une moquette couverte de confettis multicolores

Cet exposé fait référence aux résultats de recherches présentés dans un article de Pierre-Hervé Luppi – Centre de recherche de neurosciences de Lyon – Unité Inserm 10284

Pour tout savoir sur les travaux de l’INSERM : https://www.inserm.fr/dossier/sommeil/

Tous les animaux ont-ils besoin de dormir ?

Tous les animaux dorment-ils ? Oui, mais pas de la même manière. 

Les éléphants africains dorment seulement 2 heures sur 24, les chevaux et les vaches seulement 3 ou 4 heures. On croyait longtemps que certains animaux marins ne dormaient jamais, mais les recherches ont révélé que les dauphins et les baleines dorment d’un oeil, pendant que l’hémisphère opposé de leur cerveau reste éveillé.  

Les tarentules dorment les pattes en l’air tandis que les araignées tisseuses de toile prennent leur repos suspendues par un fil. On savait bien que les chauve-souris dorment suspendues, c’est grâce à des tendons spéciaux dans leurs pattes. 

Un koala assoupi sur une branche d'arbre